COVID-19 : Regards de lama Guendune Rinpoché

Auteur : Réal Houle
Responsable des infolettres

Ce texte remplie de sagesse

de lama Guendune Rinpoché

Bonne lecture

 

Regards de lama Guendune Rinpoché
(1918-1997)

Le bonheur ne se trouve pas avec effort et volonté.

Mais réside là, tout proche, dans la détente et l'abandon.

Ne sois pas inquiet, il n'y a rien à faire.

Tout ce qui s'élève dans l'esprit n'a aucune importance
parce que dépourvu de toute réalité.

Ne t'attache pas aux pensées, ne les juge pas.

Laisse le jeu de l'esprit se faire tout seul, s'élever et retomber, sans intervenir.

Tout s'évanouit et recommence à nouveau, sans cesse.

Cette quête même du bonheur est ce qui t'empêche de la trouver
comme un arc-en-ciel qu'on poursuit sans jamais le rattraper,
parce qu'il n'existe pas, parce qu'il a toujours été là,
et parce qu'il t'accompagne à chaque instant.

Ne crois pas à la réalité des choses bonnes ou mauvaises.

Elles sont semblables aux arc-en-ciel.

A vouloir saisir l'insaisissable, on s'épuise en vain.

Dès lors qu'on relâche cette saisie, l'espace est là, ouvert, hospitalier et confortable.

Alors jouis-en. Ne cherche plus.

Tout est déjà tien.

A quoi bon aller traquer dans la jungle inextricable,
l'éléphant qui demeure tranquillement chez lui.

Cesse de faire.

Cesse de forcer.

Cesse de vouloir.

Et tout se trouvera accompli, naturellement.

Lama Guendune aspire à la spiritualité dès son enfance. Rinpoché parle ainsi de cette période : « Bien que je n'eusse reçu aucune éducation religieuse, tout mon esprit aspirait au saint Dharma. J'observais la vie que menaient mes parents, des gens simples et droits. Mais les voyant soucieux seulement de cette existence, je me disais : Toutes les préoccupations liées au monde sont inutiles et sans lendemain. Que se passera-t-il après la mort ? Une vie ordinaire ne crée rien de bon, elle ne peut conduire qu'à la souffrance. »
Vers l'âge de sept ans, Lama Guendune commence donc son apprentissage de la vie monastique. Il reste des années à apprendre à méditer auprès des maîtres qui restaient au monastère. Il n'aspire qu'aux pratiques du Vajrayana, la voie rapide pour atteindre l’éveil.
À 17 ans, il reçoit l'ordination monastique et fait la traditionnelle retraite de trois ans et trois mois à l’âge de 21 ans. Il atteint de nombreuses réalisations spirituelles. Après sa retraite de trois ans, il reste plusieurs années encore au monastère de Khyodrag en retraite solitaire pour mener à son terme sa méditation.
En 1959, l'occupation militaire chinoise du Tibet contraint de nombreux lamas à fuir. Guendune Rinpoché part et gagne l'Inde sans être inquiété. Il se rend auprès du 16e Karmapa, chef spirituel de l'école Karma Kagyu. Il reçoit la direction d'un monastère au Bhoutan. Le 16e Karmapa l'autorise à résider chez un bienfaiteur au Bengale, où Guendune Rinpoché demeure en retraite pendant une douzaine d'années.
En 1974, le 16e Karmapa aurait dit à Rinpoché : « Je vais me rendre en Europe et en Amérique. Les occidentaux, en dépit de leur bien-être matériel, sont ignorants du Dharma, et de ce fait connaissent beaucoup de souffrances dues aux perturbations mentales qui agitent leur esprit, orgueil, jalousie, désir, haine... Seule une spiritualité authentique peut porter remède à leurs souffrances. Si les conditions sont réunies pour la propagation du Mahayana (la voie de celui qui voue sa vie à autrui), c'est toi qui seras chargé de te rendre en Europe pour le diffuser. Il n'y a rien à débattre, je connais les signes ; je sais que tu es un lama qui a mené sa pratique jusqu'à son terme. Le temps est venu pour toi d'accomplir le bien des autres. [...] Tu vas donc t'installer en Europe. Ne sois pas inquiet. Tu as le karma nécessaire à l'accomplissement de cette tâche. Le temps est venu pour toi de le mettre en œuvre. Je suis le Karmapa ; si tu as un tant soit peu foi dans le nom de Karmapa, tu dois croire mes paroles », conclut-il en riant[réf. souhaitée].
Lama Guendune Rinpoché arrive en France en août 19751. Il voyage dans la plupart des pays d'Europe. Il fonde le centre de Dhagpo Kagyu Ling en Dordogne qui devient un centre important de transmission du Dharma. En 1984, il fonde Le Bost et Laussedat en Auvergne avec ses centres de retraite de trois ans, trois mois et trois jours, ses ermitages monastiques et son grand temple. Selon Frédéric Lenoir, c'est « le plus grand lieu de « grandes retraites » et de vie monastique bouddhiste en Occident ». Il y forme de nombreux lamas occidentaux : « plusieurs centaines de Français, mais aussi de Britanniques, d'Allemands, de Suédois, d'Américains, de Brésiliens et d'Australiens2 ». Karme Dharma Chakra a été la première congrégation monastique non-chrétienne reconnue par l'État français. L'activité incessante de Guendune Rinpoché permet la création de plus de 40 centres à travers la France (les centres Karma Teksoum Tcheuling)
Il décède le 31 octobre 1997 dans sa chambre au Bost en Auvergne.

Posted in COVID-19, Juillet 2021.